Le cercle de réflexion Société en Mouvement est animé par l’ancien ministre Gilles de Robien.
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Emploi : les Français sceptiques sur l’efficacité des relations syndicats-patronat
Selon un sondage Opinion Way, une majorité de Français juge « inefficaces » pour l’emploi ou le pouvoir d’achat les relations entre les syndicats et les employeurs.
Seuls 30% des sondés voient comme un « atout » le dialogue social entre les partenaires sociaux français. Au contraire, 42% des personnes interrogées estiment que ces relations sont actuellement « sans effet » sur l’amélioration des conditions de travail des salariés et 27% y voient même un « frein », selon ce sondage OpinionWay pour « Société en mouvement ».Interview dans Challenge
INTERVIEW Gilles de Robien représente le gouvernement auprès de l’Organisation internationale du travail. Il commente pour Challenges les résultats d’un sondage sur l’image des syndicats.

Selon un sondage commandé par le cercle de réflexion Société en Mouvement que vous avez créé en 2006, les Français ont une opinion mitigée des organisations syndicales. 15% des sondés considèrent que les relations actuelles entre syndicats et employeurs sont un atout pour la croissance et la performance des entreprises, 17 % pensent qu’elles peuvent aider l’emploi. Ce n’est pas encourageants…
Je vous l’accorde. Mais d’autres résultats sont autant de raisons de se réjouir. Ainsi, un français sur trois pense que si les syndicats avaient davantage d’adhérents, cela aurait un impact positif sur la performance économique des entreprises… et près d’un sur deux (48 %) pense que cela serait bénéfique au dialogue social. Compte tenu de l’image très contrastée des syndicats, je le vois comme une très bonne nouvelle.
En revanche, ils sont 74% à considérer que si le dialogue social était de meilleure qualité, cela contribuerait à la croissance et à la performance des entreprises. Ils attendent donc davantage des partenaires sociaux, à commencer par des syndicats plus réalistes! c’est la première raison (citée par 43 % des sondés) qui leur donnerait envie de s’engager auprès des représentants de salariés. Bref, les attitudes, les postures, la concurrence entre les uns et les autres, tout ces clichés sont dépassés. Nous avons fait des progrès, mais nous restons en retard.
A quel progrès pensez-vous?
J’en ai deux principaux en tête. Sous la précédente mandature, la loi de 2008 sur la représentativité syndicale a permis une sensible avancée. (La loi abandonne de la représentativité de droit pour 5 syndicats au profit d’une véritable mesure de leur poids par l’audience électorale, NDLR). Le gouvernement actuellement en place fait la part belle au dialogue social. A chaque fois qu’une loi concerne l’emploi, on associe les partenaires sociaux en amont. C’est ainsi qu’ils ont pu négocier l’accord national interprofessionnel du 11 janvier 2013, qui a débouché sur la loi du 14 juin 2013 relative à la sécurisation de l’emploi. Ou encore aborder, à l’automne, la formation professionnelle. Mais il y a encore des marges de manœuvre.
Lorsqu’on leur demande de dire quel est le pays qui a le meilleur modèle social, 40% des Français citent l’Allemagne…
On cite l’Allemagne en exemple régulièrement, c’est presque normal ! cela dit, l’accord signé chez Volkswagen dans les années 90 reste un exemple pour moi : pour éviter que 30.000 salariés soient mis au chômage, les syndicats et la direction ont accepté beaucoup de sacrifices. Les salaires et le temps de travail ont été réduits. Tout le monde a conservé son poste. Je suis allé à Wolfsburg, dans la salle où a été signé l’accord, dont je me suis inspiré pour la loi sur l’aménagement du temps de travail. En Allemagne, lorsque les partenaires sociaux se mettent autour d’une table, c’est pour trouver un accord, il y a rarement des portes qui claquent. Il y a aussi moins de syndicats, ce qui facilite le dialogue. Mais surtout, je vois dans cette capacité à négocier un désir d’organiser la prospérité collective. En France, nous y venons progressivement mais il faut passer à la vitesse supérieure.